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Zanzibar
19-23/08/2020
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On quitte le nord de la Tanzanie pour rejoindre Zanzibar, au Sud Est du pays.
Petite escale à Dar Es Salaam et connaître le doux plaisir de passer du terminal 2 au 3 et pour ce faire se taper 1 km sous un soleil de plomb… On arrive ruisselants et découvrons le petit Cessna qui nous emmènera à Zanzibar en un petit quart d’heure.
A Zanzibar on prend un taxi pour arriver à notre hôtel le long de la célèbre plage de Paje et… enfin… après des jours de trimbalage, à changer sans cesse de « maison », enfin on se pose et on profite de ne rien faire.
On découvre avec joie notre logement et… la vue sur les vagues léchant la plage. Comme hypnotisés, après avoir posé les affaires, nous marchons droit vers l’eau et y entrons sans problème. Bonheur bonheur.
Les yeux juste à la surface de l’eau, je vois accourir de l’horizon les vagues prêtent à nous submerger.
Le soir, on entend le bruit de l’océan qui va et vient à petit bruit. Je suis si heureux d’entendre le bruit de l’océan… Et puis… ça change des hyènes.
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La mer s’est retirée cette nuit, le contraste avec la veille est saisissant.
Peu à peu c’est une marée humaine qui envahit la plage à marée basse.
Je songe alors à une citation de Julien Gracq :
“Il y a dans la mer qui monte – calme ou houleuse, peu importe – toujours une animation, un affairement de branle-bas, un remue-ménage de camp qui se rassemble, quelque chose aussi de l’agressivité d’une foule qui grossit, et puise son mordant et sa confiance dans l’afflux presenti à l’arrière-plan de ses réserves profondes ; tout exprime une résolution enjouée, une humeur belliqueuse et allègre : on y va ! et on est en force : cette fois-ci, c’est sûr, on va prendre la Bastille.
La mer qui se retire est comme absente, dégrisée, distraite, l’esprit ailleurs. Bien plus que sa puissance et ses fureurs, ce sont ces sautes d’humeur mystérieusement motivées, immédiatement ressenties, qui rendent parlante à tous l’assimilation de la foule à la mer."
Ici, l’assimilation entre la mer et la foule est d’autant plus forte. Elles se relaient chacune sur la plage et dépeignent les mêmes caractères.
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Nouvelle journée de farniente ici, on vit à l'heure du soleil.
La Lune attire la mer à elle. Dans sa fuite, les rouleaux de vagues perdurent, chaque déferlante en palier phosphorescent d’écume tente théâtralement, par mille et une contorsions, de ne pas céder, en vain, de terrain supplémentaire.
Comme si elles avaient émergé des sables, dressant des milliers de mains en un instant, ces femmes, ces corps bus par le sable que la fuite de l’océan a révélé, trient sans relâche les algues tandis que d’autres enfoncent à coups répétés des centaines de pieux bois.
J’ai là sous les yeux, une chorégraphie méticuleusement reproduite jour après jour que le temps ne saurait effacer.
J’observe cette femme, aux mains abîmées par ce labeur sisyphéen, au visage entre deux rives, aux gestes appartenant à l’instant présent et puisant leur intensité dans le passé. Elle semble insubmersible et pourtant elle cèdera, comme toutes les autres, sa place lorsque la mer reviendra.
Face à cette rythmique qu’un métronome jalouserait, on sentait que des décennies de corvées anonymes s’étaient relayées, submergées à leur tour par l’anonymat de l’océan.
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Voilà le jour du départ, ce voyage en triptyque aura permis de vivre trois voyages en un, chacun ayant sa propre valeur du temps : le trek c’était un temps rythmé sur nos pas, d’une régularité absolue ; en safari le temps se rétractait et semblait filer à toute vitesse telle une gazelle en fuite devant le prédateur ; sur la plage le temps, au contraire, s’étirait, il était relié aux cycles de la marée.
C’est ainsi qu’on s’aperçoit de la valeur du temps et de l’importance de notre environnement dans sa perception. Je me rappelle à l’école d’un prof de géophysique qui nous avait demandé de trouver une définition au temps… Les uns après les autres on échouait à en trouver une “non philosophique”, si je puis le dire. Le prof répondit que c’est ce qui séparait un évènement A d’un événement B, tout simplement. Pourquoi se rappeler aujourd’hui de cette anecdote scolaire ? Peut-être parce que par moment on se rend d’autant plus compte de l’importance d’un début et d’une fin pour apprécier un moment. Il ne faut pas courir après le temps, il faut le laisser venir à soi.
Dans l’avion du retour, je me réjouis de ce voyage. A l’image des précédents il m’a permis de satisfaire cette fringale de connaissances disparates. J’aime piocher un peu partout des éléments de “savoir” sur le monde qui nous entoure. Alors je glane d’année en année des petites pièces que je tente d’assembler. Parfois je vois des choses se mettre en place, parfois, au contraire une pièce met tout en désordre et tout est à refaire… alors je continue à tenter d’assembler ce puzzle infiniment lacunaire.
Arrivée en France, les portes d’entrées dans le pays totalement ouvertes sans aucun contrôle sanitaire ni même de vérification d’un quelconque test PCR… On demande où on peut en faire un, on nous répond qu’avant 9 h il n’y a pas de contrôle et que c’est fermé. Et dire qu’en Tanzanie et en Ethiopie on était sans cesse contrôlés, à toute heure, et qu’ils ont même failli nous empêcher de rentrer en France si Marie n’avait su bluffer avec justesse !
Ah la France...