
Malte - Jour 2
01/11/2016
Ghajn Tuffieha Bay
Première grosse journée de marche du séjour, l'objectif est de rejoindre Ghajn Tuffieha Bay en bus puis de longer la côte Ouest et la péninsule de Marfa à pied, de prendre le ferry de Cirkewwa à Mgarr et longer de nouveau toute la côte Ouest jusqu'à Xlendi et rentrer sur Victoria... Courage !
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Heureusement les paysages traversés me détourneront des plaintes incessantes de mes jambes.
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A Ghajn Tuffieha Bay, au coeur de 3 baies au style bien différent, je profite des nuances de bleu mêlées à la terre ocre typique de Malte. Au loin se dresse les falaises de Ta' Cen que je rejoindrai en fin de journée.
Vers la péninsule de Marfa
J'apprécie grandement le fait de vadrouiller ainsi au gré des sentiers, plutôt qu'en ville au gré des rues et avenues bruyantes et déchaînées. Ici je peux me poser, m'oublier, me retrouver, je gagne en liberté et mes pensées aussi. Mon imagination s'envole, quel plaisir.
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Je traverse les zones agricoles au rythme des coups de fusil, j'aide un instant une dame âgée à dégager le passage devant sa clôture avant de reprendre la route.
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Face à la péninsule de Marfa, je localise enfin la tour Sainte-Agathe, identifiable à sa couleur rouge sang.
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Plus loin, son alter ego blanche, domine l'île de Comino.
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Avant d'atteindre la tour, je longe Mellieha Bay et bien qu'elle soit relativement aseptisée, la vue dégage une certaine force, cette dernière étant décuplée par les folles vagues excitées sous les caresses d'Eole.
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Du haut de la tour, un panorama unique sur la péninsule de Marfa, à la forme étrange, s'offre aux curieux. Je reporte mon arrivée à Cirkewwa pour profiter de la partie Est de la péninsule réputée pour sa nature sauvage et sa faune... Pour ma part c'est une déception totale : longue route rectiligne avec une flore environnante totalement cramée et de temps à autre, une entrée de résidence hôtelière bétonnée...
Vite vite ! Je veux fuir de là !
De Mgarr à Xlendi par Ta' Cenc
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Ah... La traversée en ferry permet de me ravitailler en eau et en bouffe... Je commençais à être en manque !
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Voilà quelques jours que j'hésitais à suivre le sentier côtier joignant Xlendi par les falaises de Ta' Cenc... Plus le bateau approche de Gozo plus je suis tenté, allez je sors la carte Kompass, repère la topo et les directions à suivre, j'évalue la durée de marche... Je regarde l'heure... Je devrais atteindre Xlendi au coucher de soleil... Ca se tente !
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Un couple de français opte pour le même itinéraire que moi, bien qu'on se suivra au début, je les distancerai peu à peu... Enfin seul au coeur de cette île sauvage.
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Le début du tronçon sera à l'image du reste : relativement mal indiqué (merci à la boussole et à la carte), et éprouvant avec une boue des plus collantes... Bientôt je me retrouve avec 1 kg de boue collée sous chaque semelle !
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Mais le paysage reste enchanteur.
C'est l'essentiel.






Première belle étape du parcours : la crique de Mgarr ix-Xini qui avait accueillie le tournage de "Vue sur Mer" et le couple Angelina Jolie et Brad Pitt... Et on comprend pourquoi...
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Crique pleine de charme avec sa langue d'eau qui même sans soleil garde de belles teintes.
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Attention néanmoins à la descente : la bruine d'il y a peu a rendu le rocher extrêmement glissant...
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Entre gorges et falaises ce sentier sera sans doute l'une des plus belles randos du séjour.
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Et c'était sans compter le superbe panorama sur Gozo et notamment Xewkija qui se dévoile peu à peu, pas à pas.
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Et ce dôme... celui qui se dispute avec Mosta le titre du plus grand dôme du pays, source de disputes entre Gozo et Malte... Je dois admettre que j'ai une préférence pour celui-ci, mais chute, je ne veux pas avoir d'ennuis à mon retour à Malte.
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Dans tous les cas, les dômes de Xewkija et de Mosta font partie des plus imposants d'Europe, et ça, je veux bien le croire !
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Il est temps de regagner les falaises de Ta' Cenc où un tout autre spectacle d'immensité m'attendent... La nature aussi sait s'élever par-delà les rêves des hommes.
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Mes jambes endolories me rappellent la distance parcourue et le peu d'heures dormies...
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Il ne manquait plus que ma sacoche d'APN me lâche... C'est con ça.
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Petites pauses et petites proses avant de reprendre la route avec le même objectif : atteindre Xlendi au coucher de soleil !
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Je traverse quelques villages et ce qui frappe c'est la différence d'ambiance entre Malte et Gozo : architecture différente, élevages différents... Toujours les mêmes chasseurs en revanche !
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Les falaises de Ta' Cenc sont majestueuses, je vais rester longuement ici, perché à près de 130 m au-dessus de la Méditerranée. Un paysage comme je les aime, un paysage intouchable, un paysage insaisissable, un paysage qui te fait dire que tu es rien et tout à la fois, un paysage qui te fait le présent de mêler le passé au futur, un paysage qui te rappelle l'importance de l'humilité, un paysage éphémère.
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Une heure ou deux, le temps d'écrire un court texte pour fixer mes pensées volatiles, et voilà que je reprends la marche et arrive de nuit à Xlendi... Départ vers Victoria en bus où un bon ragoût de lapin m'attend... Doux plaisir !
Les rivages de Calypso
Carte égarée, à mi-chemin entre la vieille Europe et la grande Afrique, je ne sais que fouler sur cet iceberg rocheux. Peu m'importe. Je demeure seul, libéré du temps qui file, face à ces rivages qui m'ouvrent de toutes parts au monde tandis que brillent le reflet tourmenté des mers lointaines.
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Je pourrais demeurer longtemps ainsi, assis sur les remparts de ce donjon minéral, ébréché et égratigné, d'où s'élèvent de mornes vestiges revêches, témoin parfait du temps assassin n'eussent été les orpins et mourons qui, au gré de l'eau bleuissante, rougissent les corniches de ci de là et d'où fleurissent enfin vie et espérance.
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Que j'aime laisser la mer et le temps déverser en moi cette rêverie singulière. Je ne peux détacher mon regard de cette mer puissante, noire, insondable. Je m'y imagine tanguer tel un vieux radeau que les vagues folles submergent à chaque instant. Les étoiles même semblent se noyer dans cette houle.
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La nuit tombe, je vais devoir m'en aller bien qu'il y ait un charme particulier à se tenir là , au coeur de cette obscurité profonde.
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Sur le sentier ébouleux du retour, je songe à ces derniers jours et aux futurs, et ce, la tête tournée vers l'horizon, toujours, là où mer et ciel s'entremêlent.