
La Paz
01/08/2025 (Jour 7)
La nuit a été un enfer.
Ma gorge brûlait au point que j’aurais voulu l’ouvrir d’un coup de lame, juste pour faire taire la douleur. Déglutir relevait du supplice. J’ai tourné dans mon lit comme un fauve blessé, sans parvenir à dormir. Dans un accès de paranoïa, j’ai fini par consulter les doctissimo et compagnie, certain d’y trouver la confirmation d’un mal rare ou supérieur à celui d'un simple rhume dont la banalité m'interdirait de me plaindre. Mais non, rien n'y fait, tout s'apparente bel et bien à un rhume mais l'esprit refuse de s'y résoudre.
Au matin, on reprend la route vers La Paz. Mon moral est en berne. L’idée de retrouver une grande ville avec son vacarme, ses bruits, ses gaz d’échappement, m’angoisse déjà. Tout ce qu’on avait fui revient au galop, et avec cette gorge, je me sens prêt à mordre au moindre mot ou à faire la tête pour un rien.
L’aéroport surplombe La Paz. Quand le taxi entame sa descente, c’est un choc. La ville surgit d’un coup, tentaculaire, boursouflée, étalée jusque dans les creux les plus improbables. Une marée de briques. Cela me rappelle Quito, en pire. Ici, la ville semble avoir avalé la montagne.
Déposés au centre, nous posons nos sacs à l’hôtel avant de ressortir. Je traîne la patte. Je ne dis rien, inutile d'être un mauvais compagnon de route, mais Marie lit sur mon visage ce que je m’efforce de taire : l’envie furieuse de fuir.
Sur la place, le bicentenaire de l’indépendance est célébré. Tambours, drapeaux, garde nationale. J’assiste de loin, absent, le regard noyé dans la foule. Plus tard, nous mangeons dans un restaurant mexicain, avant d’enchaîner les boutiques de sport à la recherche d’une cartouche de gaz et d’une paire de moufles oubliée en Suisse.
Je crois la journée terminée, mais c’est mal connaître Marie. "Tant qu’à être là, autant prendre le téléphérique" lance-t-elle. J’ai envie de refuser, le corps las, la gorge écorchée, mais je cède ne souhaitant qu'elle regrette. Car vraiment, je n'ai aucune envie de revenir un jour ici.
Nous glissons dans une cabine suspendue au-dessus du chaos. La ville défile sous nos pieds, infinie, haletante. Là-bas, au fond, se dresse le Huayna Potosí, immobile, blanc, souverain. Il veille sur cette fourmilière, et me rappelle que demain, enfin, commence l’autre voyage : ce trek qui me séduit autant qu'il m'effraie.






