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El Fuego

 

29-30/12/2021 (Jours 2 & 3)

 

Ce matin je me rappelle, après qu'on a bouché les toilettes, qu'en Amérique latine, souvent, le PQ ne se met pas dans les WC mais dans une corbeille à côté... comme en Équateur.

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Départ pour un petit trek de deux jours avec à la clé une montée de 1800 D+ et de 6 km aujourd'hui.

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Nous rejoignons l'agence Wicho and Charlie's et prenons peur : nous sommes une trentaine à tenter l'ascension juste avec cette agence et on prend encore plus peur arrivés au départ du trek...

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La montée se résume en une longue procession, d'abord au milieu des champs de maïs, puis au coeur d'une dense forêt, avant de traverser une forme de clairière parsemée de pins.

Mon regard croise celui d'une fillette.

 

Elle est pieds nus dans les champs, pleine de terre, portant un haut sur lequel apparaît Cendrillon. Elle a le même sourire que cette fillette, pioche à la main au fond d'un puits, en Ouganda.

 

Elle est heureuse alors qu'elle n'a rien. Il y a, chez elle aussi, une forme de beauté dans l'innocence et l'insouciance de son regard.

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Son sourire me fait mal.

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Le rythme de marche est tout ce qu'on n'aime pas : rapide avec plein de pauses. Le démarrage sous le soleil de midi nous fera craindre le pire... mais c'est en sueur et fatigués que nous arriverons au camps.

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Véritable balcon sur le volcan El Fuego, qui gronde à notre arrivée, le camp est parfaitement situé pour profiter des éruptions.

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Les guides nous proposent d'approcher El Fuego ou de gravir l'Acatenango. Pour aider à choisir, ils précisent que El Fuego, selon leurs mots, a " un comportement bizarre en ce moment et que c'est risqué". Et bon, à vrai dire quand on voit la quantité de blocs de pierres qu'il expulse loin à la ronde... ça ne donne pas envie de s'en approcher !

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Un petit groupe se forme pour atteindre le sommet de l'Acatenango, culminant à près de 3976 m, pour y admirer le coucher de soleil.

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Cette partie de l'ascension est rendue pénible par la cendre habillant le sentier.

Chaque pas en avant est suivi d'une glissage en arrière.

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Je me plais à imaginer ce que ça devait être quand l'Acatenango était actif. Ce temps où des fleuves de magma devaient couler sur ces pentes, se faufilant dans la forêt dominée par les volcans voisins.

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Au cours de la montée, nous profitons d'une magnifique vue sur les environs, baignés dans une mer de nuages. Telles les régates d'antan, seuls les volcans voisins parviennent à se détacher de l'horizon.

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Ce n'est pas sans peine que nous arrivons là-haut, accueilli par un vent froid.

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El Fuego tonne, gronde, fume. Puis, à la tombée du jour, quand l'obscurité prend le dessus sur la lumière... de nouvelles couleurs apparaissent, celles de la lave s'écoulant le long de la pente, fumante.

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Un moment, une éruption plus importante que toutes les autres expulse des gerbes de lave, tel un feu d'artifice. Je ne parviens à photographier cet instant fugace... et demeure sans voix.

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Redescente au camp à cause du froid, mais pas bien grave puisque de la porte de notre cabane on voit El Fuego. L'occasion d'assister aux premières loges à ses sauts d'humeur.
 

Une masse compulsive de gaz en pleine expansion, saturée de couleurs, donne aux alentours un aspect irréel. La matière en fusion cause des turbulences internes et fait, à son tour, irruption dans les airs en puissantes giclées. Le sommet s'embrase et s'efface sous les fumerolles tandis que le magma incandescent déferle en gerbes d'écumes rougeoyantes et dessine les contours du volcan. Avec un vacarme plus assourdissant que celui de la pire tempête se jetant sur une côte, c'est le plus merveilleux ressac qu'on puisse imaginer.

Alors que le calme revient, une fureur renouvelée fait surgir de nouveau, de l'intérieur des terres qui l'emprisonnaient, la lave qui jaillit comme une fontaine.

 

Le spectacle est intense, on voudrait garder les yeux ouverts toute la nuit mais entre deux grondements le sommeil me rattrape.

De bonne heure, on assiste au lever du soleil et peu à peu la lave devient invisible à nos yeux. Seules les rocailles fumantes apparaissent traînantes le long de la pente.

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Au petit-déjeuner, nous constatons qu'une nouvelle fois on a peu à manger... Heureusement que ce trek est très court car avec de telles portions, qui plus est non adaptées à la marche, on n'irait pas bien loin.

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On entame la descente à un rythme d'enfer, non pas sans se rappeler la difficulté de la montée.

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Arrivés au bord de la route, nous attentons notre navette pour Antigua... qui mettra près d'une heure pour arriver... Pendant ce temps je regarde la douzaine de nationalités qui composent notre groupe et qui, tous, se comprennent avec l'anglais. Ca m'épatera toujours.

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Enfin la navette arrive, dans un capharnaüm général, nous arrivons à prendre place avec nos sacs.

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Une fois à l'intérieur, on comprend pourquoi la navette a mis tant de temps : plus de liquide de refroidissement et le moteur est en surchauffe ! Alors en descente il roule au point mort mais en montée il roule très lentement et dès qu'il voit une source d'eau s'arrète pour noyer son moteur. Ce n'est pas sans nous rappeler notre cher chauffeur ougandais Gérald avec qui on avait connu les mêmes désagréments.

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Nous arrivons à 12h40 à Antigua tandis que la navette suivante pour Atitlán est à 13 h. Marie se charge de récupérer nos passeports et faire le bilan avec l'agence de trek, quant à moi je vais chercher le sac qu'on avait laissé à l'hôtel. Ensemble, on réorganise les sacs, on commande un smoothie qui sera notre déjeuner... et c'est parti !

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A peine parti que le klaxon du bus reste bloqué... allons-nous vraiment faire 2 h de trajet ainsi ? Le chauffeur tape et tape sur son volant et débloque enfin ce capricieux klaxon. Ouf !

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A la traversée des villes, des noms de boutiques amusent, par exemple pour des pompes funèbres "Résurrection", ou encore, pour une entreprise de rénovation, "La Nouvelle Vie de Jésus".

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Le christianisme est très fortement présent dans le pays. Il est courant de lire des versets de la Bible le long des routes, sur les murs des maisons, dessinés à côté des jeux d'enfants.

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Je comprends pourquoi les gens disent qu'Antigua est la plus belle ville du pays si toutes les autres ressemblent à ce qu'on traverse : des amas de béton et de tôles inachevés où seul le désordre règne. Seuls les gens apportent un peu de couleur et de gaieté.

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Quel place à ce pays dans les médias ?

En France on en entend jamais parlé, il en va sans doute de même chez les autres. Ce sont des oubliés. Et eux ? Comment perçoivent-ils le monde extérieur ? Il est drôle de se dire qu'un fait médiatique n'a pas du tout les mêmes retombées partout ailleurs... de même que les faits historiques d'ailleurs. Ça me rappelle un collègue de promo qui s'étonnait qu'un autre de la promo, nigérien, n'avait pas appris la même chose à l'école : "mais l'histoire elle est née et vient de l'Europe". Incident diplomatique !

C'est dans une brume épaisse et affamés qu'on arrive à Panajachel.

 

Il faut désormais trouver un bateau pour Jaibalito. Le long du chemin menant vers l'embarcadère on se fait accoster pour prendre un bateau privé. On refuse et allons jusqu'à l'embarcadère prendre le bateau public, plus sûr.
Notre hôtel se situe un peu avant le village, à flanc de falaise. Le bateau nous y dépose et nous découvrons, mauvaise surprise, que la réception est tout en haut des escaliers... Aucune montée ne nous sera épargnée !

Enfin on pose les sacs, visitons les jardins et on se rend au resto dîner dès 18 h.
Calés c'est en roulant qu'on rejoint la chambre en espérant que la brume se lèvera demain.

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«Le plus grand voyageur n'est pas celui qui a fait dix fois le tour du monde. Mais celui qui a fait une seule fois le tour de lui-même.»

Gandhi.

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