
La Ruta Del Sol
1-5/09/2014 (Jour 89-93)
Dernier petit voyage de mes trois mois, la Ruta Del Sol ! Préparé au dernier moment, j'allais rentrer en France sans avoir vu la côte, finalement une opportunité se présente et je décide d'aller à sa rencontre au cours de ma dernière semaine.
Au début, seuls Puerto-López et Montañita figurent au programme. Finalement, Martha me conseille de passer également par Mompiche. Ces petites haltes me permettront ainsi de parcourir ce qu'ils nomment ici la Ruta Del sol et de découvrir l'univers de la Costa équatorienne.
Cette fois-ci c'est en solo que je m'y rends, Adrien préfère rester à Cuenca.
Normalement, 12h de route sont prévues... Longues heures durant lesquelles on passe de la montagne à la côte... De suite beaucoup plus chaude et humide !
Les prairies d'élevage laisse place aux rizières ainsi qu'aux palmeraies qui s'étendent à perte de vue ! Chaque canton possède sa production favorite. Après un long moment, je jette un oeil par la fenêtre, un léger sourire se dessine sur mon visage, celui de l'enfant qui voit enfin la mer alors qu'il l'attendait impatiemment !
Arrivés à Esmeraldas, Alfredo me dépose, ce qui n'était pas du tout prévu... Le client chez qui ils doivent faire une démonstration se situe beaucoup plus au nord. Et là c'est le début des interrogations... Comment aller à Mompiche, alors que le dernier bus en partance est parti voilà 15min et où loger ?
Une vieille dame dans le bus me conseille : "Va à El Sado, change de bus va ensuite à Tres Vias puis prend un taxi pour Mompiche." Ok !
Peu après le changement de bus je perds le chapeau de Panama qu'on m'avait offert... J'ai la haine. Mais je reste calme, ce qui est fait est fait et je ne peux malheureusement remonter dans le temps, la colère laisse place à la tristesse. J'étais debout, au moment de payer mon ticket je pose mon chapeau, c'est à ce moment là qu'il y a une secousse... Le chapeau tombe... Et s'en va par la porte du bus que le conducteur laisse délibérément ouverte durant tout le trajet ! Même si j'en ai plein d'autres dans ma valise, suite au quiproquo de Sigsig, cela me fait de la peine... C'est arrivé si vite et si bêtement...
Je descends comme convenu à Tres Vias et prend le taxi que l'on me conseille, à vrai dire le seul de la rue. Au moment de monter à bord, deux canadiennes allant aussi à Mompiche se précipitent pour venir aussi, on en profite pour discuter, apparemment elles viennent ici pour un mois de volontariat. Qui sait, je les croiserai peut-être demain.

Mompiche c'est tout petit, tant mieux, après tous les imprévus je ne souhaitais perdre du temps à repérer les lieux !
Après m'être restaurer je pars explorer les lieux, il faut que je trouve la fameuse plage de Portete, je m'y rendrai demain matin à marée basse.
L'exploration durera guère... Un chien me mord au niveau de la cuisse au-dessus du genou... Heureusement j'ai mon épais short et... Mon portefeuille dans la poche... Je m'en sors avec trois pointes de sang et une belle frayeur...
Longue nuit... Je peine à m'endormir, le réveil se fait par les singes et oiseaux... Je me lève donc à 7h, direction Portete, j'y vais en marchant, et ce, en espérant que je ne croise pas le même chien qu'hier... Je profite de la plage et de l'enthousiasme des pêcheurs à prendre la mer. Difficile à imaginer qu'hier à la même heure j'étais à 2500-4000m d'altitude !
Une route semble mener à Portete, je l'emprunte... Après 4km la route se jette dans l'océan, me voilà arrivé semble-t-il, Martha m'avait dit que le matin il y avait marée basse et qu'il était possible de traverser en marchant, il me semble que je sois arrivé trop tôt ! Une barque m'achemine donc jusqu'à l'île.
Quel bonheur de se retrouver face à l'océan ! Le temps est nuageux mais peu importe, le vent pousse l'eau à la colère, les rouleaux et vagues viennent s'affaler sur la plage, et j'aime voir la mer ainsi.
Je me sens observer et ne vois rien, pourtant des dizaines et dizaines de milliers d'yeux me regardent avec colère et peur, normal quand on sait que depuis une heure je ne cesse d'en écraser et d'en ensevelir des milliers ! Je me rends enfin compte d'eux, quand l'eau se retire, le sable glisse sur mes pieds emportant avec lui des dizaines de petites coquilles qui se précipitent ensuite pour se cacher ! Je regarde désormais de plus près en marchant... Il y en a de partout pas un lieu sans cette inconnue coquille ! Il faut se dépêcher de les observer, une fois que l'eau les a sorties, elles se précipitent à s'enfoncer dans le sable.

Arrivé à la pointe sud de l'île je suis contraint de faire demi-tour, les vagues frappent directement le rivage, le bord de l'eau est jonché de palmiers déracinés. Je coupe donc à travers l'île, quel dépaysement quand je me retrouve au coeur de tous ces palmiers.
Le retour se fait avec José-Luiz, un jeune habitant de l'île âgé de 11ans, qui me ramène sur le "continent", puis à Mompiche avec une sorte de moto à chariot. Ayant fait le tour, je me décide d'aller maintenant à Puerto-López. Mais apparemment c'est la galère pour s'y rendre...


En moto taxi j'arrive à Tres Vias, je prends désormais un bus pour Chamanga... Où je me crois dans le RER B en temps de grève ! C'est bien ça me prépare pour la rentrée ! On traverse un village non dénué de ce charme qu'ont les villages sur pilotis au bord de l'eau : je suis arrivé à Chamanga.
Désormais je dois prendre un bus pour Pedernales. J'arrive au terminal, suite du périple, je prends désormais un bus pour Portoviejo, dernière étape avant Puerto-López normalement.
A chaque trajet de bus, une vieille dame s'assoit à mes côtés et à chaque fois elles me discutent : "où vas-tu ainsi ?" "De quel pays tu es ?" "Combien de temps restes-tu ici ?" "Que penses-tu de l'Equateur ?", toujours les mêmes questions, j'en profite pour me renseigner sur les prochains bus à prendre afin de confirmer ou de réfuter mon programme. Quant à elles, j'ai le droit à toute leur vie, à celle de leurs enfants aussi... Bref, je profite des discussions pour habituer mon oreille à l'accent de la côte qui est si difficile à comprendre. J'ai l'impression qu'ils se comprennent même pas entre eux parfois...
Sinon pour revenir à la Ruta Del Sol, rien de particulier, des routes en France sont bien plus jolies que cette dernière. L'avantage, c'est qu'elle permet de traverser toute la côte du Nord au Sud, et ainsi, d'offrir un bel aperçu de cette région aux voyageurs.
Il est 20h quand j'arrive à Portoviejo et une surprise de taille m'attend ! En effet, il n'y a plus de bus pour Puerto-López... La dame qui a fait le trajet avec moi me propose de monter avec elle pour Guayaquil, mais ce n'est pas tellement ma destination ! Je demande à un taxi... 60$ le trajet, je refuse, il descend à 45, mais je ne peux pas payer ce tarif... J'attends donc le prochain bus pour Puerto-López qui est à ... 2h du matin... Youhou... Je discute en attendant avec la guichetière, le garde sécurité, les chauffeurs... Au bout d'une heure ils me prennent un peu en pitié et m'indique un hôtel très peu cher pour que je puisse dormir et qui plus est, à quelques rues du terminal terrestre. La chambre est spartiate, mais ça suffit à me dépanner pour peu.
A 7h je quitte l'hôtel, je rejoins le terminal terrestre en deux trois mouvements, le premier bus pour Puerto-López m'est annoncé pour 9h20... Je prends mon billet et patiente. Vers les 7h45, un bus qui correspond à la description qu'on m'avait faite hier quitte le terminal, je lui cours derrière, après discussion avec le chauffeur il me dépose à Jipijapa où j'aurai un bus direct pour Puerto-López. Le choix est vite fait... Je préfère perdre 2$ et gagner 1h30 !
Enfin ! Je suis normalement dans le dernier bus de mon périple pour Puerto-López !
On résume ?
Mompiche -> Tres Vias -> Chamanga -> Pedernales -> Portoviejo -> Jijipapa -> Puerto-López
Nous qui étions accoutumés de prendre un seul bus pour se rendre d'un point à un autre dans la Sierra, ça semble être beaucoup plus compliqué pour la Costa ! Le contrôleur me dit que le problème de la Sierra, ce sont les montagnes (non, sans blague ?), du coup très peu de routes ou du moins quelques principales qui traversent la grande majorité des villes. Ce qui n'est pas le cas pour la côte où ce ne sont que des plaines avec de nombreuses grandes voies, c'est davantage des compagnies inter-canton qu'inter-province.
Le Soleil se dévoile enfin, l'océan s'habille de sa belle robe bleutée aux mille et une nuances. Enfin la chance revient !
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L'hôtel Bella Napoli est parfait et la gérante d'une gentillesse sans limite ! Le temps de donner des nouvelles et je repars, histoire de découvrir les lieux. Rien à voir avec Mompiche que Martha m'avait pourtant fortement recommandé ! Si j'avais su je n'y serai jamais allé, surtout au vue des quelques mésaventures que j'ai rencontrées !
Puerto-López, village de pêcheurs, si calme et si reposant ! J'ai l'impression d'être dans un autre pays ici... Avec le Soleil, les couleurs sont magnifiques... Je retrouve pélicans, tortues et frégates que j'avais quittées aux Galápagos. Cela dit, les tortues sont beaucoup plus petites dans l'eau !
C'est fou comme la végétation diffère de Mompiche... Comme quoi, même d'un endroit de la côte à un autre c'est un autre monde...
Après avoir fait toute la baie de Puerto-López, et même un peu davantage, je m'installe à une terrasse en bord de plage, histoire de se rafraichir ! De ma table, je peux voir les pêcheurs qui rangent leurs bateaux, attirant une foule de pélicans rêvant d'un poisson qui traînerait encore par là . Légère brise qui caresse le visage, sous une douce mélodie équatorienne, avec un petit jus frais d'ananas au lait (très doux en bouche !), bref, je me sens bien.
J'irai sans doute me baigner tout à l'heure, à voir. J'hésite à aller à Las Frailes, une plage soit disant magnifique, mais c'est à une quinzaine de kilomètres et il faut à nouveau prendre le bus... Après tout ce n'est qu'une plage et la baie de Puerto est déjà magnifique, avant de rentrer en France j'ai envie de me poser un peu... Parfois ne rien faire a du bon surtout dans un tel cadre !
Les rues se désertifient et je comprends pourquoi... Un vrai soleil de plomb ! Je retourne à l'hôtel en attendant, je voulais me baigner mais c'est marée descendante donc attendons.
Aux alentours des 16h30 je sors me prendre un verre sur la plage, histoire de profiter du coucher de soleil. J'aurai bien profité de ce petit village, je ne regrette pas cette halte ici. Demain départ pour Montañita !
Avant de quitter l'hôtel Bella Napoli je discute durant une bonne demie heure avec la gérante, toujours aussi sympathique. On discute de tout et de rien et me fait bien rire lorsqu'elle me dit ne pas comprendre ceux de la Sierra quand ils parlent, tandis que ces derniers ne comprennent ces premiers ! Chacun accusant l'autre de parler trop vite et dans sa barbe ! Et moi ? Bah bien obligé de comprendre les deux !
Et après les divers accents du pays c'est à l'accent argentin auquel j'ai droit ! Il va à Montañita aussi, trois mois qu'il voyage, il est parti du Mexique, a traversé l'Amérique centrale, Colombie, Equateur, et puis petit à petit retour en Argentine. J'en profite pour me renseigner sur l'Amérique centrale que je méconnais totalement et lui sur l'Equateur, je lui raconte mon périple, c'est toujours aussi intéressant de discuter et de partager de la sorte.
Me voilà arrivé à destination. Les nuages qui m'ont suivi depuis Puerto-López s'en vont et laissent ainsi le soleil nous chauffer. Je me dépêche de déposer mes affaires pour aller voir la plage.

La plage de Montañita est connue par tous les jeunes du pays pour être un lieu de fête, où la police peu présente, ou du moins peu active, laisse une totale liberté aux jeunes. Nuits festive et d'ivresse donc. Mais elle est aussi réputée pour son surf, des rouleaux de 2-3 m de hauteur se forment constamment à quelques dizaines de mètres de la plage.
Comme à Mompiche, comme à Puerto-López, le fait de marcher le long de cette immense plage face à l'océan me fait un bien fou... Certes j'aime beaucoup la montagne, mais cela n'empêche mon amour pour l'océan, s'assoir et observer, se laisser bercer par le bruit des vagues...
Après avoir longé le rivage, c'est dans les ruelles que je me glisse. Malheureusement, pour éviter que le centre ne soit sous l'eau à chaque marée montante, ils ont dressé une immense digue faisant aussi office de promenade de bord de mer, seulement du fait de sa hauteur il est impossible de voir l'océan du centre et de ses terrasses...
Après avoir dégusté une bonne dorade, je passe par l'hôtel pour me mettre en tenue de plage. L'eau est, qui plus est, juste à bonne température, facile pour rentrer, facile pour y rester ! Ensuite, bronzage en mode iguane avec ma musique... 4h défilent ainsi... La plage est top, longue étendue, tu marches des dizaines et des dizaines de mètres sans que l'eau dépasse les cuisses ou les épaules quand il y a vague. Par contre, le courant est d'une puissance monstrueuse ! Même debout, au moment où l'eau se retire, tu ne peux rester fixe, tes pieds glissent sur le sable !
Autant si Mompiche et ses mésaventures m'avaient fait regretter d'être parti, Puerto-López et Montañita rehaussent le niveau, à mon grand plaisir ! Et puis ainsi, je peux dire que j'ai visité la Costa, la pièce manquante de notre voyage, je rentre en France dimanche en sachant que j'ai fait le tour du pays et que je rentre sans regret.
Je musarde le long du petit marché artisanal, je parcours une dernière fois la plage avant d'aller m'installer en terrasse. On me propose le fameux gâteau "Happy" que je décline poliment, Adrien m'avait prévenu que dedans il y avait de la drogue, histoire de se prendre un joint !
C'est jeudi et donc pas la grande fête, mais juste un peu de musique, l'ambiance est amicale, je profite un peu.
A la veille de mon retour en France, mon court road trip sur le bord de côte prend fin. Il me faut désormais rentrer à Cuenca. J'espère y arriver relativement tôt pour avoir le temps de faire une dernière machine, de poster les photos et de finaliser une bonne fois pour toute les bagages !
Pour arriver à Guayaquil on traverse des étendues désertiques avec, par moment, des résidences de luxe au milieu de nul part... Juste le temps de manger à Guayaquil et je repars en bus pour Cuenca !
Magnifique soirée avec tout le monde, je ne sais comment les remercier... Merci à eux... Dernière fois qu'on les voit pour certains... Merci d'avoir rendu ce stage, tout simplement, extraordinaire...