
Lac de Côme
11/11 - 12/11/2015
L'an dernier je n'avais eu le temps de faire que le Lac Majeur et non ceux d'Orta ou de Côme. Mais cette fois-ci, la grande différence par rapport à la dernière fois, je suis en voiture ! Ce qui facilite grandement les déplacements d'une rive à l'autre et d'un lac à l'autre.
Quand j'ai dit à quelques amis que je partais à Côme tous m'ont envié et tous ont pensé à Georges Clooney... Ca m'inquiétait. Une destination m'attire davantage par sa nature et son architecture que par la présence de célébrités...
Au cas où je ne me sentirai pas à mon aise, je me renseigne tout de même avant de partir sur des sentiers de randonnée dans les environs du lac.
Après plusieurs heures de route et attaquant les rues étroites des villages bordant le lac je décide de faire une pause et d'entamer la Greenway del Lago serpentant de Colonno à Griante en passant par Ossuccio, Lenno, Tremezzo, entre autres.
La journée étant déjà bien amorcée, je sais que je n'aurai pas le temps de visiter la rive Ouest comme je le souhaiterais. Je préfère donc prendre mes marques, repérer les lieux, les noter pour pouvoir y retourner le lendemain... Surtout que les nuages ne veulent pas décoller... Et heureusement que je sais où je me trouve sinon j'aurai du mal à imaginer une autre rive en face...
Je me familiarise aussi avec la route que je dois partager avec les italiens... Ce qui n'est pas toujours aisé. Mais je prends vite le coup de volant et arrive à Colico non loin de l'abbaye de Piona pour récupérer ma chambre.
Petite frayeur au moment de prendre les clés... Personne à la réception et il faut appeler un numéro de téléphone... Chose difficile sans portable... A force de rôder aux alentours et d'insister à l'interphone, la gérante me repère enfin et me présente la chambre. Rien à dire. Néanmoins le fait de dormir entouré de dizaines de crucifix me perturbe un peu. Haha.
Je profite de la tombée de la nuit pour visiter l'abbaye et son cloître reposant.
Le soleil est de mise pour demain, j'ai hâte.

La météo ne s'était pas trompée... Je rejoins Varenna et profite du lever de soleil sur les deux branches du lac.
Mais ce que je craignais se confirme, je trouve les villages inaccessibles, tant au sens propre qu'au sens figuré.
Je vois les cimes au loin... Qu'une envie : les rejoindre et prendre enfin de la hauteur sur ces gens qui te regardent de haut vu que tu ne t'appelles ni Clooney ni Bellucci.



Esprit rando
Au coeur de cette solitude, là où la pesanteur s'envole et où seule la légèreté de l'être pèse, rarement je pense à ces monts et à ces vallées sans que naisse en mon esprit ce vertige horizontal qui me pousse, sans cesse, dans la folie singulière de vouloir capturer l'horizon.

Arrivé à Menaggio par le ferry, je prends la petite route qui mène à Breglia... On accroche la ceinture ! Ce qui est relativement frustrant c'est au détour d'un visage serré apercevoir un panorama enchanteur sans avoir la possibilité de s'arrêter tant on est entraîné par cette route qui n'offre aucun parking ou espace pour se garer... A de nombreuses reprises je m'arrête puis rebrousse chemin à pied pour retrouver l'angle de vue... Souvent au travers de grillages ou autres... Beauté inaccessible.
Breglia est ce petit village perché connu pour le refuge de Menaggio situé à un peu plus d'une heure à pieds et qui offre, sans nul doute possible, la plus belle vue qui soit sur le lac de Côme... et même... le lac de Lugano plein Ouest !
Certes, ce panorama est moins accessible que celui de Brunate (pas de téléphérique, juste un sentier de randonnée au dénivelé non négligeable...) mais la récompense est sans pareille ! Je surplombe la totalité du lac : Colico au Nord, le refuge, Varenna là-bas en face, Bellagio à la séparation du lac, Côme, Lugano... Et derrière moi, le monte Grona...
Je fais demi-tour à contre coeur, mais d'autres surprises m'attendent.



Sur le chemin du retour, le soleil prend de la hauteur et mon regard peut de nouveau s'accrocher aux détails.
Je remarque au loin l'église de Breglia et derrière Bellagio, ma destination prochaine !
Je rejoins Côme et la cohue me fait fuir ! Je m'isole alors à Brunate... Grossière erreur... Toute la foule se condense en ce petit point au panorama... sans saveur... J'aimerais leur dire d'aller au refuge de Menaggio pour qui accepterait de marcher mais parfois il faut savoir garder les pépites loin de la foule déchaînée.
Après avoir frôlé des dizaines de murs et de voitures à près d'un centimètre, et encore, je suis de retour à Côme pour arriver à Bellagio au coucher de soleil.
Charmante, ça on ne peut le nier, mais je ne m'y sens pas à mon aise... L'atmosphère demeure superficielle, je plonge sous mes écouteurs pour retrouver un peu de profondeur et retourne à Menaggio par le ferry.
Toujours particulier cet instant où l'on s'éloigne de la rive, laissant le temps et l'espace à la ville de se dessiner entièrement sous nos yeux.
Courte conclusion avant de passer au lac d'Orta, je me suis souvent demandé si Lamartine s'était inspiré du lac de Côme pour écrire son célèbre poème "Le Lac" (bien que ce dernier représente avant tout le temps qui engloutit tout), tant ces lieux ont été le refuge des plus grands romantiques de l'époque... Fut un temps sans doute, tant je l'ai trouvé superficiel, inaccessible et hautement surestimé.
Il n'en reste pas moins un cadre enchanteur pour qui accepte d'aller se perdre sur les hauteurs.
PS : La musique italienne... Quel bonheur !