
Ile de Wight - Round The Island Race
30/06-02/07/2014
Direction Cherbourg pour récupérer notre bateau, un Class 40.
Petit coup d'oeil à la météo... Hum... Elle demeure incertaine mais semble bien moins violente que ce qui était annoncé il y a quelques jours... Le 30 noeuds devient 5 ? Hum... Il ne faudrait pas non plus que ça descende de trop !
Après avoir tourné en rond à la recherche du port de plaisance, nous prenons place, sac de couchage déroulé, l'équipage se complète au fil de la nuit...
La cabine résonne sous la pluie battante... Ca promet... Déjà que j'angoisse à l'idée d'avoir le mal de mer et de me retrouver prostré en position fœtal sur le pont.
Notre skippeur normand arrive, nous devons désormais attendre son collègue qui aura... près de 3 h de retard... Cela nous donne le temps de faire le tour du bateau, des équipements électroniques, des voiles, des consignes de sécurité, et puis surtout d'attendre... Dommage nous aurions tous aimé profiter de Portsmouth ce soir mais là ça risque d'être très compliqué...
Départ à 11 h passé sous la pluie normande... pour la première traversée de la Manche du WE. Le mal de mer ne tardera pas à me saisir mais uniquement par le biais de somnolences, ce qui me va largement mieux que les vomissements... Je me retrouve à faire une sieste de plusieurs heures en contre gîte... La position idéale !

A mon réveil le soleil est au beau fixe ! Et l'alarme anti-collision retentit !
C'est le jeu de la traversée de la Manche : repérer les cargos et deviner si on peut passer devant, derrière, s'il faut changer de cap ou non...
On discute d'ailleurs de Thomas Coville qui avait percuté un cargo avec son trimaran de Sodebo Ultim'...
Ca doit faire drôle !
Terres en vue ! La voilà l'Île de Wight !
Le skippeur nous explique un peu comment fonctionne les vents et courants aux alentours... Il va falloir d'ailleurs se réveiller parce qu'on va devoir débuter les manoeuvres et il ne s'agit pas de se prendre de nouveau la baume dans la figure !
On se met par binôme, chacun à son poste, premier virement de bord... Impressionnant avec quelle rapidité le bateau réagit et l'importance de la tension dans les voiles... Au winch je manque de force ! "Borde encore !" "J'en peux plus !"... Bon demain il vaudrait mieux que je gère les ballasts du navire...
Arrivée à Portsmouth après plus de 12 h de navigation... Comme on s'en doutait on ne pourra pas profiter de la ville surtout qu'il faut qu'on regarde comment préparer le spie pour demain... et que la course débute à 6h30 (heures françaises) ce qui signifie que l'on doit se lever à... 3h30... C'est à dire dans 2 h... AÏE.


Réveil difficile mais peu à peu les embruns salés me sortent de ma torpeur.
Il est de ces moments où l'océan hypnotise... Face à cette immensité aqueuse je ne peux m'empêcher de penser à toutes les prières des hommes retombant ici en larmes.
Tandis que mon regard se noie dans la houle... A l'horizon des dizaines de navires tournent en rond attendant impatiemment le départ de la course...
10, 9, 8, ..., 3, 2, 1, 0 !
Inutile de préciser à quel point il est impressionnant d'assister aux départs de près d'une centaine de navires... Et toutes les 10 minutes de nouveaux départs auront lieu... et ce... durant près de 3 h...
Rapidement on repère nos principaux concurrents, appartenant à la même catégorie que nous, et notamment ce Class 40 N°97 avec qui on jouera des coudes jusqu'à l'arrivée !


On approche des Needles qui marquent nettement le nouveau visage de l'île : abritée derrière ses hautes falaises de calcaire et ses fermes en toit de chaux.
Une fois le cap passé, le vent est de derrière... Tous les bateaux affalent le génois pour déployer leurs spies colorés... Superbe vue avec le soleil levant droit devant !


Le tronçon au spie ne joue pas en notre faveur et nous perdons quelques miles d'avance...
On attend tous la prochaine bouée avec impatience en sachant parfaitement que ce qui fera la différence c'est ce passage à l'Est de l'île où l'on a "révisé" les manoeuvres la veille : un passage avec des vents et des courants compliqués...
La stratégie en revient au skippeur... Quant à nous il faudra exécuter tous les virements de bord sans faillir !
A ce jeu on remonte le Class 40 N°97... et nous nous positionnons juste devant lui après un virement de bord... De quoi lui rappeler que nous sommes toujours présents !
Il décide de changer de tactique et de s'éloigner de la côte : - de courant mais + de vent tandis que nous poursuivons à la corde avec - de vent mais + de courant !
Avec 2 manoeuvres de plus qu'eux nous demeurons loin derrière... Mais à l'approche de la ligne d'arrivée ils sont contraints de faire deux virements de bord d'urgence qui nous permet de recoller à leur poupe.
Après 7 h de régate nous franchissons la ligne d'arrivée derrière eux... Mais devant au classement... Et oui en voile le classement est fait sur un temps "compensé" c'est à dire le temps réel multiplié par un coefficient dépendant des performances du bateau de chacun. Or, notre concurrent possédait un bateau plus rapide que le nôtre donc le fait de terminer presque en même temps prouve qu'on a été "meilleur".
Pour ma part, heureux d'avoir pris place à la gestion des ballasts pour assurer le contre gîte lors des virements, parce que quand je voyais combien l'équipage s'arrachait les bras sur les winchs je me dis que j'aurai fait foirer une ou deux manoeuvres... Mais chut, il faut pas le dire =).

Avec une Guinness à la main on ne se lasse pas de voir arriver en continue tous ces voiliers qui ont pris part à la régate...
Petite balade à Cowes où règne une véritable atmosphère de marins avec tous ces anciens édifices de clubs de voile, son petit chantier naval, le ponton de la reine, et ses canons bien sûr...
Retour en France le lendemain, seconde traversée de la Manche où un pigeon profitera de notre embarcation pour se reposer et s'hydrater... La question est de savoir si le pigeon est anglais ou français... ?